Melingo

© Mañana | crédits : Youri Lenquette

Melingo n’est pas fou.
C’est pourquoi ses improbables tangos, vertébrés par la folie, sont possibles. Melingo est une personne, biensûr. Il a survécu à lui-même, à ses innombrables péripéties personnelles pour se transformer en un personnage littéraire en chair et en os.
Melingo est la légende de Melingo, le héros d’une vie parfois trop intense qui devait, inévitablement, déboucher sur le tango.
Pour être Melingo, il faut cheminer par les rues en flairant la poésie comme un chien de chasse, danser comme un fouet, chanter comme une cicatrice. Melingo est un immense musicien. Il étudia dans un Conservatoire, mais conserve peu de chose de son passage dans cette institution. Il fut – et sera toujours – un aventurier furieux, délirant, halluciné. Un bohème de Buenos Aires, autrement dit du monde. On peut l’appeler Maestro car il a su atteindre la simplicité. Quoi de plus naturel, alors, que l’éclat de rire de feu de ses tangos.
“Santa Milonga” pulvérise les limites entre le sacré et le profane. Dans ses chansons, on trouve autant d’adoration que d’insolence. Un plein wagon d’orthodoxie et des tonnes d’hérésie. Des excès et de la minutie. De l’amour et de la mystification.
Melingo se glisse sans frapper sur les autels de la musique du Río de la Plata. Les portes s’ouvrent sur son passage car, en palpitant, il a gagné le droit de jouer avec la loi du tango. Un tango véritable, alors.
Formidable folie de Melingo.

Texte de Sergio Makaroff

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